Berlin 1930 : de sa défaite lors de la première guerre mondiale, de cette lutte très violente entre un communisme bien installé et la montée du nazisme, de sa crise économique, de sa crise de logement, mais également de sa vie culturelle très vivante et de sa libération des mœurs, de tous ses repères perdus et de son intègre ambiguïté, de tout cela naît son cabaret.
Certes, il est bien un peu l’héritier de la chanson et des saynètes satiriques montmartroises, mais jamais il n’a disposé d’autant d’écrivains et de compositeurs de talent qui l’approvisionnent en textes et en musiques. Berlin, ville de la « divine décadence », exerce une fascination sur les artistes d’avant-garde et les intellectuels de toute l’Europe, ils y trouvent la possibilité exceptionnelle d’y présenter le résultat de leurs recherches.
Dans le cabaret, la femme sort des carcans qui lui sont habituellement réservés, ainsi une Lili Marlene, une Claire Waldoff ou une Blandine Ebinger, qui pourraient très bien être dirigées par Max Reinhardt, grand metteur en scène berlinois, joue la femme fatale, s’habille à la garçonne, boit, fume et parle fort. L’homme lui aussi est soumis à la confusion des genres, il se maquille, se travestit et à travers des danses sensuelles, évoque des pratiques sado-masochistes où il est dominé.
L’amour, la séduction et la sexualité sont évoqués avec humour ou dérision. Les thèmes sont presque toujours les mêmes mais par la transgression et le grotesque, des destins individuels éclatés, déçus dénoncent des drames sociaux et politiques bien plus conséquents.